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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 10:40

Le mercredi 23 avril 97 nous avons rejoint à Urnieta Luix Mari Zaldua Etxabe. Ce dernier nous avait très aimablement invité à l’accompagner sur le terrain pour nous initier aux énigmatiques constructions que sont les “Seles” ou Saroeak (ou Sarobe, Saroi, Korta, etc...), et dont il est le grand spécialiste. Trois d’entre nous représentaient “Herri- Harriak” et il faut dire que cette excursion en 4 x 4 dans les montagnes d’Urnieta, par des pistes cahotiques, fût à la fois très sportive et tout à fait passionnante ; Gorostarbe, Mendabio, Olaberri en furent les principales étapes.

- Quelques mots sont nécessaires pour présenter les “Seles” - ces constructions posent, en effet, d’énormes problèmes quant à leur époque de construction, leur finalité, leur signification - enfin peu sont venus intactes jusqu’à nous.

- Un “seles” comporte essentiellement une construction centrale (dite ausi le “mojon central”) la mieux conservée (en basque : “Artamugarri”, “Austari”) qui peut être un petit monolithe, ou un ensemble de blocs pierreux. A la face supérieure de ce “mojon central” est souvent gravée une série d’incisions qui forment , en fait, une “rose des vents” puisque ces traits indiquent l’emplacement de pierres périphériques ( un peu comme dans un “baratz”) mais à des distances allant de 80 à 150m par rapport au centre, et situées aux points cardinaux et même intercardinaux. L’ensemble de ces pierres périphériques (de taille plus réduite) délimitent plus volontiers un polygone qu’un cercle ; il existe même des “Seles” carrés... En fait, la relative rareté actuelle des pierres périphériques rend très difficile l’identification de ces constructions, et c’est un long travail de recherche bibliographique, couplé à une minutieuse recherche de terrain qui a permis à Luix Mari Zaldua Etxabe de retrouver 30 de ces constructions centrales sur les 38 signalées dans la littérature ( les textes les plus anciens remontent au XII ème siècle), et depuis longtemps oubliées.

- Ces “Seles” ne sont pas exclusivement situés en Euskal Herri. On en connaît en Galice, Asturies, Pays Cantabre, Estramadure... (mais pas en Pays Basque Nord), et aussi, semble t-il, en Bretagne.

- Leur répartition, sur le terrain, est essentiellement fonction de la vie pastorale, dans les pâturages liés à la transhumance, et le plus souvent à proximité des mégalithes (dolmens, cromlechs), sans cependant jamais en contenir à l’intérieur de leur périmètre. Il semble en effet qu’il y ait une certaine relation temporo-spatiale entre mégalithes et seles, nous y reviendrons. Signalons par exemple que certains auteurs estiment qu’un système de mesure à base de 7 pourrait avoir été utilisé par les constructeurs de Seles, système dont l’origine pourrait remonter à l’époque mégalithique, et dont l’usage semble avoir perduré très longtemps sur la façade Atlantique Européenne.

- Une autre caractéristique de ces constructions serait encore la très probable relation de ces sites avec l’exploitation forestière, et plus précisément la production de ... charbons de bois.

- L’exploitation archéologique a été effectuée au niveau de la structure centrale de Gorostarbe, autour de laquelle des charbons de bois ont été recueillis, et datés par la méthode du Carbone 14. Le résultat est le suivant : (Va 10679) 1815 + 60 B P, soit donc au cours du 2ème siècle après J.C.

- L’hypothèse a été avancée que les “Seles” seraient, à l’origine, des superficies conquises par le feu sur la forêt. Ceci faciliterait la compréhension du fait qu’il est souvent impossible de voir, à partir du “mojon central”, les pierres périphériques par suite de l’existence, par exemple d’obstacles naturels tels que rochers, forte déclivité, etc...

- Mais ceci souligne un peu plus notre étonnement devant le parfait alignement aux points cardinaux (ou intercardinaux) de ces témoins périphériques qu’il serait à l’heure actuelle impossible de placer avec autant de précision, sans des moyens géodésiques ultramodernes.

- Les constructeurs paraissent donc avoir pris en compte des données astronomiques, tout en ayant possédé des connaissances techniques remarquables. Les sites choisis bénéficient en outre d’une exposition solaire maximun, vers l’Est, et d’un microclimat très favorable. La similitude morphologique entre “cromlechs” et “seles”, déjà signalée par J. M. de Barandiaran, amène à considérer que ces 2 phénomènes peuvent être en relation avec la même séquence culturelle (cf aussi datation 14C...) même si, encore une fois, la finalité réelle de ces énigmatiques seles nous échappe encore totalement. Peut être que les fouilles prévues pour les années qui viennent, et d’autre part, les travaux de Michel Duvert en Hegoalde, contribueront à dissiper ces mystères.

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